Quand vous fermez les yeux et pensez à l’Inde, que voyez-vous ?

🇮🇳 Quand vous fermez les yeux et pensez à l’Inde, que voyez-vous ?

Pour beaucoup trop de touristes occidentaux, l’image se limite injustement à des trains bondés, des marchés chaotiques, des bidonvilles, et aux clichés type “manger-prier-avoir la tourista”.
Mais cette fois, une expatriée australienne vivant à Mumbai en a eu assez — et son message viral pousse tout le monde à reconsidérer leur façon de “faire” l’Inde.

🎙️ Bree Steele, productrice de podcast installée à Mumbai, a déclenché un débat en ligne intense après avoir posé une question aussi simple que percutante :
Pourquoi les étrangers sont-ils aussi radins quand ils viennent en Inde ?


Pourquoi des voyageurs bien payés chez eux se transforment-ils soudain en ultra-économes, comptant chaque roupie “pour l’expérience authentique”, tout en montrant au monde une image crue et biaisée du pays ?

Voici ses arguments — et ce qu’ils révèlent de plus profond.


1. 💡 Le mythe de l’expérience « authentique »

La vidéo de Bree va droit au cœur d’un problème de longue date :
Beaucoup de touristes occidentaux associent “la vraie Inde” à l’inconfort et à la précarité.

Ils racontent fièrement comment ils ont dormi dans des auberges à ₹500, mangé uniquement de la street food pendant des semaines, ou survécu à des trajets de 17h en train au lieu de prendre un simple vol — tout ça au nom de “l’immersion culturelle”.

Mais est-ce authentique pour les voyageurs indiens eux-mêmes ?

Pas vraiment.
Beaucoup d’Indiens de la classe moyenne optent pour des hôtels corrects, des trains climatisés ou des vols abordables dès qu’ils le peuvent.

Pour eux, voyager, c’est aussi rechercher le confort, la bonne nourriture et de belles découvertes — pas une épreuve de survie.

Comme le dit justement Bree :
« Vous n’avez pas besoin de souffrir pour venir en Inde. Vous pouvez manger comme un roi ou une reine ici. »


2. 🌏 L’Inde est un pays de choix — si on veut bien les voir

Ce qu’on oublie trop souvent, c’est que l’Inde est vaste, riche et plurielle — il y en a pour tous les goûts et tous les budgets.

Oui, on trouve des auberges bon marché et des repaires de backpackers.
Mais on trouve aussi des resorts de rêve au Rajasthan, des retraites de yoga paisibles au Kerala, des plages immaculées aux Andamans, ou des séjours magiques dans les montagnes de l’Himachal.

Selon le Ministère du Tourisme, le segment haut de gamme du tourisme en Inde ne cesse de croître. Les États comme le Rajasthan, Goa, le Kerala ou l’Uttarakhand attirent de plus en plus de voyageurs amateurs d’hôtels de charme, de patrimoine et d’expériences immersives.

Et l’ironie ?
La majorité des réservations ne viennent pas des backpackers occidentaux, mais des familles indiennes, des jeunes mariés et des touristes asiatiques.

Alors pourquoi tant d’influenceurs occidentaux continuent-ils à ne montrer que des bidonvilles, des vaches dans la rue et des gargotes douteuses comme étant “le vrai visage” de l’Inde ?


3. 🚫 Le danger de la romantisation de la pauvreté

Lorsqu’un voyageur étranger se vante de “vivre comme un local” en dépensant presque rien pour se loger et manger, le message transmis est souvent toxique.
Beaucoup d’Indiens ont salué Bree pour avoir mis en lumière un problème courant : ce culte du voyage “cheap” entretient l’idée que l’Inde est sale, misérable et uniquement adaptée aux budgets extrêmes.

Et au-delà de l’image, il y a les actes.
Marchander férocement pour quelques roupies face à un vendeur de rue — quand on gagne sa vie en dollars ou en euros — ce n’est pas de l’immersion, c’est un manque de respect.

Les locaux négocient parfois par nécessité.
Mais un touriste aisé qui presse un conducteur de rickshaw pour 20 roupies… ce n’est pas la même histoire.

Comme le dit Bree :
« L’Inde est variée. On peut y trouver du luxe, mais aussi d’excellents hôtels de gamme moyenne. Vous n’avez pas besoin de galérer pour y voyager. »


4. 📱 Les réseaux sociaux aiment la misère – mais faut-il s’y plier ?

Une des raisons pour lesquelles ce mythe du backpacker persiste, c’est que les vidéos de galère en Inde cartonnent sur les réseaux.

Les “struggle stories” avec hôtels miteux, intoxications alimentaires ou chaos urbain font des millions de vues.
Mais les vidéos montrant l’Inde urbaine, ses trains de luxe, ses havres de paix ou ses hôtels raffinés… tombent dans les oubliettes de l’algorithme.

Et pourtant, le tourisme intérieur en Inde explose, notamment dans les gammes moyenne et haute.
Un rapport Booking.com de 2023 montre que 81 % des voyageurs indiens veulent “se faire plaisir sur les expériences et hébergements” post-pandémie — un contraste frappant avec la façon dont de nombreux Occidentaux continuent à voir l’Inde : comme un terrain d’aventure low-cost.


5. 🌺 « C’est vous qui choisissez ce que l’Inde représente pour vous »

Ce débat se résume à une chose :
L’Inde, ce n’est pas seulement la pauvreté, le chaos et la débrouille.

C’est aussi :

  • des palais de maharajas à Jaipur,

  • des retraites bien-être à Rishikesh,

  • des lodges de luxe dans les réserves du Madhya Pradesh,

  • des restaurants gastronomiques à Delhi ou Mumbai,

  • des plages dignes des Maldives.

Des voyageurs comme Bree encouragent les étrangers à changer de regard, à soutenir des acteurs locaux au-delà des options les plus rudimentaires.

Il ne s’agit pas de dépenser sans compter. Il s’agit de comprendre que l’Inde n’est pas un décor pour votre storytelling de baroudeur.


🪙 Un pays qui mérite plus que votre monnaie de poche

À mesure que de plus en plus d’Indiens réagissent au message de Bree, une chose devient claire :

👉 Vous pouvez choisir votre Inde.
Voyager avec un budget serré ? Bien sûr.
Mais n’allez pas faire croire que c’est la seule manière “authentique” de découvrir ce pays.

Comme elle le dit si bien :
« L’Inde, c’est bien plus que les bidonvilles, les trains bondés et les intoxications alimentaires ! Que vous soyez en solo, en couple, en famille ou entre amis, il y a une Inde pour chacun ! »

💬 Peut-être est-il temps d’y investir plus que vos pièces jaunes…
et de montrer au monde l’Inde que des millions de gens ici aiment, vivent, et partagent avec fierté.

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👉 Marre. Ras-le-bindi.
Ce que Bree pointe, on le vit depuis des années, nous, agences locales sérieuses.
Pendant que certains touristes occidentaux se prennent pour Gandhi dès qu’ils avalent un samosa à 20 roupies, on enchaîne les récits moisis de “vraie Inde” faite de diarrhées, trains bondés et misère sexy à l’Instagram.

Mais la “vraie Inde”, ce n’est pas ça.
C’est celle qui choisit. Qui crée. Qui accueille.
C’est celle de nos partenaires artisans, des familles qui ouvrent leur maison, des médecins ayurvédiques qui vous prennent en charge sans vous badigeonner de cliché néo-spirituel.

💥 À tous ceux qui viennent ici pour tester leurs limites à moindres frais : vous ne voyagez pas, vous consommez du choc culturel.
Vous fantasmez une Inde de pacotille pour mieux asseoir votre storytelling de baroudeur en quête d’illumination.

🪙 Et pendant ce temps-là ?
Vous marchandez comme des vautours pour 10 roupies, vous laissez des hôtels à moitié payés, vous écrivez des articles sur “l’Inde qui vous a changé” — alors que vous ne lui avez rien laissé, ni respect, ni contribution.

Alors oui, merci (1) Bree Steele | LinkedIn.
Merci de dire tout haut ce que nous, agences locales engagées, artisans du voyage responsable, répétons depuis des années.

🇮🇳 L’Inde ne se visite pas avec vos miettes.
Elle mérite votre curiosité. Votre justesse. Votre décence.
Et un minimum de conscience de votre privilège.

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Texte d’origine : India Isn’t Just Slums and Chaos – Australian Woman Shuts Down Broke Backpacker Mindset

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