Ma vérité sur Auroville.

Ma vérité sur Auroville.

Objet : Ma vérité sur Auroville.

 

La vérité, toute la vérité, je vous l’ai présentée pour les Backwaters. Voici venu le tour de « Ma vérité sur Auroville ». Mais encore ? Vous n’avez jamais entendu parler d’Auroville. Mais si, bien sûr. Vous l’avez même sur votre liste « A faire ».

Qu’est-ce donc ?

Auroville, fût fondée en 1968. Nous avons donc quasi le même âge, fondée par une française, et non ce n’est pas moi, puisque je n’étais pas née. Auroville accueille toujours à l’heure actuelle, des individus de toutes nations et religions qui embrassent les préceptes d’une philosophie commune, apolitique et areligieuse. Bon, çà, c’est pour le folklore… Parce que voyez-vous, moi j’ai pas du tout eu les mêmes expériences. Mon sentiment sincère et profond n’est pas fait d’éloges, loin de là. J’y vois plutôt, une secte de Bobo Occidentaux aux attitudes néocoloniales.

Voyez plutôt : 

Ou sommes-nous ?

Au Tamil Nadu – Sud-Est de l’Inde, des Temples, c’est partout, à chaque croisement, à chaque coin de rue, dans chaque village, chaque ville, par centaines ici et là. Des temples pleins de vies, d’un peuple souriant et respectueux. Des familles entières arpentant ces merveilles architecturales, dans l’espoir d’une vie prochaine meilleure, oui, pas celle-ci, mais la prochaine…

Alors, ici, entre Mahäbalipuram, et Pondichéry, car nous ne sommes pas dans la ville de Pondichéry, mais dans l’état du même nom, une bonne heure avant d’arriver à Pondy, comme on dit ici, Auroville, vous bifurquez sur la droite, pour prendre cette route qui vous y conduit…d’abord un parking, puis le centre d’accueil d’Auroville. Attention, procédure d’accueil hyper encadrée, = pour parvenir ici, vous aurez au préalable du vous présenter la vieille au Centre en ville, pour visionner le documentaire. Bon allez, disons-le, la petite vidéo d’endoctrinement pour vous montrer ce que l’on a bien envie de vous montrer et de vous faire croire.

Et donc vous êtes là, devant ce Grand globe d’alvéoles d’or, posé sur un socle de murets de couleur rouge. Euh, aurais-je déjà perdu mes esprits, suis-je à la Géode de la porte de la Villette à Paris ? Parce qu’en plus, la visite est en groupe, strictement francophone et strictement encadrée.

Ma première rencontre avec ce truc…,

Ma vérité sur Auroville

Ma vérité sur Auroville

Heu, pardon, le Matrimandir = mittéralement « le temple de la Mère », surnommé « l’âme de la cité ».  Ma première rencontre ne date pas d’hier, puisque je l’ai connu en construction, il y a de nombreuses années, une quinzaine à peut-près (suis pas une fana des dates). Je faisais découvrir la destination à l’une de mes agences de voyages de France. A l’époque, pas de petit film à visionner, juste à faire la queuleuleu pour entrer au Mandir (Temple en sanskrit). Sauf que voilà, ici, c’est le seul lieu où j’ai vu des indiens à la queuleuleu, alors que d’ordinaire c’est plutôt à celui qui resquille le mieux, ce qui donne que c’est toujours un attroupement, pour tenter d’entrer quelque part. Sauf ici, mais ma surprise fût plus grande, quant à l’observation, je découvris qu’il s’agissait de « Maîtres Blancs » qui visiblement donnait des ordres à des « Bénévoles indiens », pour obtenir cette queuleuleu. Ma surprise ne s’est pas arrêtée là. Car nous entrâmes dans le Jardin, lieu soi-disant de rencontre, avec interdiction formelle de parler, … Heu, ben, tu m’as vu là ? J’avais plutôt l’impression de « Heil, Hitler » et ce n’est pas de la provoc !

Le pire a été de devoir laisser ma bouteille d’eau à l’entrée du Mandir, alors qu’il faisait une chaleur à crever. Grimper en colimaçon des échafaudages à n’en plus finir, pour atteindre l’ultime, « la salle », pour le coup, celle-là, était climatisée, et de voir le soleil se refléter dans un cristal, bon ça encore, passe, j’ai vu pire en Inde, mais ces groupies occidentaux, homme comme femme, en extase, en prière, se balançant…Heu, heu, je me réveille là ??? Sentiment à la sortie : c’est quoi ce truc, une secte ?

Allez, vite à la librairie, parce qu’il y a un truc qui m’échappe, et que somme toute j’ai envie de comprendre ce qui se passe. Pourquoi ai-je tant entendu parler de Auroville ?

La naissance d’Auroville est le fruit d’une union. Une histoire d’amour, peu commune, entre un philosophe indien, Aurobindo Ghose (dit Sri Aurobindo), né en 1872 à Calcutta, et une française, Mirra Alfassa, née Richard à Paris en 1878, (dite La Mère). Certains font des mômes, eux, une ville, enfin, elle, plutôt, parce que ce sont ces écrits, sa vision à elle, sur les préceptes de son Maître (Sri Aurobindo), qu’elle a écrit : « Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner son corps vivant à une unité humaine concrète. » C’est encore la Mère qui parle, qui l’écrit même dans la charte fondatrice d’Auroville, déposée lors de son inauguration le 28 février 1968 dans une urne de marbre en forme de fleur de lotus, contenant également 124 poignées de terre représentant autant de pays membres de la communauté. Et de bien d’autres commandements organisant la vie dans cette future cité utopique : « Il doit exister sur Terre un endroit qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde… ». Bon jusque-là, j’adhère, je suis même prête à signer, tu vois ? Concept qui me parle, mais je n’ai pas compris pourquoi j’ai noté que les « Blancs » dirigent, et les indiens exécutent. J’ai loupé un épisode ? Ben oui…. J’ai loupé 35 ans… puisqu’entre le Concept, établi en 1968, et mon expérience, 35ans…. L’idée aurait-elle pris du plomb dans l’aile ?

Ma vérité sur Auroville.

Je poursuis ma quête.

Normal, ça m’interpelle.

J’aimerai bien moi!

Qui n’aimerait pas vivre dans : une ville ou chaque individu, quelle que soit sa nationalité, sa religion ou ses opinions politiques peut s’installer librement, faire profiter la communauté de ses talents ou de sa force de travail.

La seule condition est la renonciation à toute religion ou parti politique.

Pas trop sorcier ? Non ?

En devenant Aurovillien, c’est comme cela qu’on dit, on accède au Statut de « serviteur de la conscience divine » (ce sont les termes qu’on peut lire dans la charte de la ville) – Pas mal, sauf qu’en réalité, disons-le clairement, on occulte son éducation, sa culture, ses traditions pour se soumettre à de nouveaux préceptes dont un qui me dérange :  le culte de la Mère. Heu, ce n’est justement pas la définition d’une secte et le principe du « Gourou », et oui, je le mets entre Guillemet, parce que le terme Guru, en Inde, a une signification très particulière (qui fera peut-être l’objet d’un article dans le futur…restez-tunes !!!)

Bon reprenons nos moutons…ben oui, c’est le cas de le dire ! Donc revenons à maintenant! A comment cela se passe actuellement, en 2018 : donc passage obligé, en personne, au centre d’accueil d’Auroville, à Pondy, à l’Ashram, obligation de visionner une courte vidéo sur le Concept. Alors, là perso, vous risquez de déchanter, rapidos : une sorte de propagande low-cost, ponctuée de phrases dignes d’un (mauvais) livre de développement personnel, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Le but de cette ville idéale est que chacun y trouve sa place et puisse se consacrer librement à son épanouissement intérieur en dehors des « conventions morales ou sociales », de « l’esclavage à l’égo » et en se délaissant de toute « possession personnelle » (la propriété est interdite) pour ainsi « préparer la terre toute entière à l’avènement de l’espèce nouvelle ». Ce sont les mots de la Mère. La ville se veut être une sorte de laboratoire des savoirs : on y pratique la méditation, le yoga et les médecines alternatives. On y fabrique également des produits locaux, qu’on peut trouver dans les boutiques de la ville.

Attendez-là ? Vous avez vu les magasins d’Auroville à Pondy, attends c’est chicos, design, enfin tout bien quoi…. Trop top d’ailleurs les produits, j’adore, par contre j’aime moins les prix, tu vois, alors quand on me parle « money », « pas d’argent à Auroville » !!!Heu…. Plusieurs unités de production : de la fabrication d’encens, de produits bio, bougies, poteries, bijoux, vêtements, que l’on peut acheter dans les boutiques d’Auroville et de Pondichéry, mais aussi dans toute l’Inde, j’en trouve dans mes boutiques branchouilles à Gurgaon, et au-delà des frontières de l’Inde…certaines et surtout ! Mais également, des guest-houses, hôtels ou résidences plus chics les unes que les autres. Une partie des bénéfices revient à la communauté. C’est un Trust sous contrôle du gouvernement indien, enfin c’est à voir ? Des bruits circulent que tout n’est pas très net. Et puis de toute façon, dans la charte, il est dit qu’Auroville n’appartient à personne mais à toute l’humanité. Je suis proprio d’un bout alors ?

Alors vous voyez, depuis plus de 15ans que je connais Pondy, et j’y suis attachée à Pondy, et j’ai mes raisons pour cela : je suis née à Port-Louis, Siège de la Compagnie des Indes dans le Morbihan, en Bretagne, d’où les bateaux et les colons de l’époque rêvaient de Pondichéry et ses richesses, alors mea-culpa pour mes ancêtres !!!

Donc je vous disais : pour moi, Auroville est une forme de néocolonialisme par des occidentaux en mal de spiritualité. Quand on s’y promène, il suffit d’observer pour se rendre compte que les ouvriers ou les personnels de maison sont tous des Indiens, pendant que ceux qui ont le temps de se balader ou de méditer ont plutôt la peau blanche tu vois, ce que je veux dire ? Le concept de base d’une communauté basées sur une philosophie universelle déchargée des questions nationales ou religieuses semble donc prendre l’eau : Auroville n’a pas échappé aux hiérarchies présentes dans le reste de la société indienne. Pire, elle introduit une dimension néocoloniale très marquée, avec une population locale au service d’étrangers occidentaux.

Ce n’est pas très compliqué, au musée de la ville, tu peux voir les photos des instigateurs lors de la construction du Mantramandir, oh tiens-donc, je l’ai connu en construction, moi ! Et ben, on y voit quoi : que les « blancs » présents dans les vidéos de présentation sont bizarrement absents de la plupart des chantiers et ont, semble-t-il, préféré laisser la place aux Indiens. Rajoutons à cela que, pour la « beauté » du projet, aucune machine n’a été utilisée pour les travaux : tout a été construit à la force des bras des travailleurs.

L’argent, pourtant banni de la philosophie aurovillienne, semble avoir une place invisible, mais bien réelle, dans les rapports humains : les locaux sont considérés par certains étrangers comme une main d’œuvre bon marché ; tandis que les étrangers participent à l’économie de la région en venant s’y installer. Et je ne vous raconte pas la flambée des prix de l’immobilier localement, de nombreux indiens ont été dépossédés de leur terre, par une spéculation sans précédent.

Mais alors pourquoi tant de vagues ? Sur le plan urbanisme d’abord, un architecte français, Roger Anger, a eu l’idée de bâtir Auroville autour du temple, comme une spirale interplanétaire, supra-galactique, vous voyez le genre de délire, (non ils ne fument pas la moquette, à Auroville, pour le reste, c’est à voir !), donc c’est divisé en quatre zones : culturelle, industrielle, internationale et résidentielle. Ces spirales devaient remplir une surface de 25 km2, elles n’en comptent que 10 sur lesquels sont répartis quelque 80 villages où vivent environ 2 000 Aurovilliens, dont deux tiers de nationalités différentes, les Français étant les plus représentés. Allez disons-le, quelques illuminés !

Ma vérité sur Auroville

Ma vérité sur Auroville

Ma vérité sur Auroville.

Comment vit-on à Auroville ? L’argent, nerf de l’utopie, est banni. Dans la charte de la cité, l’éducation, la santé, la culture et le sport sont gratuits. Les résidents, sont tenus de s’autofinancer en… travaillant ou en arrivant avec un portefeuille bien garni.

Parce que les conditions de logement sont celles-ci

« Il y a encore quelques années, parce que notre nombre était faible et la région vaste, l’habitation était individuelle et parsemée. Puis la tendance changea pour la construction en agglomérats mais toujours par des particuliers. Il y a désormais un appel pour quelque chose d’autre. L’habitat sera construit et détenu par la collectivité et attribué aux individus et familles sur la base du besoin. Il sera demandé à tous ceux qui le peuvent de contribuer généreusement au fond pour le logement.
Durant votre période dite de  »nouveau venu » (Newcomer), vous aurez la possibilité de loger dans un logement pour Newcomer ou une maison d’hôte (Guest house) en fonction de la disponibilité de telles accommodations. » https://www.auroville.org/contents/1163

En gros, il faut comprendre, que « généreusement » tu devras contribuer, ça ne te rappelle rien ? Ce n’est pas justement un des travers des sectes, telles que définies et décriées en France ?

Idéalement, vous aurez le choix entre différents types d’habitations qui vous seront présentés par le Service du logement. Vous devez être conscient qu’Auroville fait actuellement face à une crise du logement critique et que la disponibilité, le genre et la taille du logement pourront dépendre de votre capacité à y contribuer.

En gros, tu seras bien logé, si tu contribues largement ?

Au quotidien, l’Aurovillien est censé œuvrer pour « l’émergence d’individualités parvenues à une conscience supérieure qui seules ont le droit de gouverner ». A tient, il n’est pas question d’Egalité sur le coup ? Emergence d’individu…conscience supérieure…seules le droit de gouverner, ah, ben oui, je comprends mieux, ce qui m’avait échappé, il y a quelques années…. « Les Blancs ont le temps de méditer, donc de gouverner, puisqu’eux seuls ont accès à la conscience sup »

Secte ou pas secte ? le débat est ouvert, et je vous laisse seuls jugent. Une chose est sûre : le projet communautaire initial, basé sur la méditation, a perdu de son « aura ». L’argent, bien entendu, aurait pourri les rêves. Dans tous les cas, je vous invite à vous rendre compte par vous-même lors d’un périple en Inde du Sud ? Ca vous dirait?

Parcourir le Grand Sud

Véronique BB Voyage pour IndeXperience

Je suis née à Port-Louis, Siège de la Compagnie des Indes dans le Morbihan, en Bretagne, d’où les bateaux et les colons de l’époque rêvaient de Pondichéry et ses richesses, alors mea-culpa pour mes ancêtres !!!